La vraie démission

Au Matin, 13 septembre 2006
Olivier Maulini, Genève

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Dans le débat sur l'école, on a le sentiment - en première approximation - que tout le monde veut lutter contre l'exclusion et que la divergence ne porte en somme que sur les moyens d'action. Or, c'est faux. Ce que la campagne met peu à peu en évidence, c'est qu'il est impossible de faire " monter le niveau " en fondant l'instruction publique sur le principe de la relégation. Pour que tous les élèves apprennent, les enquêtes internationales montrent qu'il faut, aujourd'hui comme hier, trois conditions : 1. Viser le même savoir pour tous. 2. Croire que les élèves sont capables de l'acquérir. 3. Evaluer pour aider à apprendre, pas pour sanctionner l'élimination. C'est précisément ce que ne veulent pas les initiants.

" Aujourd'hui, celui qui est en échec, on le repêche. On fait fausse route. Accepter le retour des notes, c'est accepter d'être ce que l'on est. Accepter l'échec ", affirme dans le Matin Alain Morisod. Il reprend à son compte la logique du renoncement. Quel est le rôle de l'école obligatoire, au fond : former tous les élèves, ou convaincre les plus faibles qu'ils ne sauront jamais lire ou compter parce qu'ils " sont ce qu'ils sont " ? Les systèmes les meilleurs nivellent pas le haut parce qu'ils refusent cette résignation : note ou pas note, laisser nos enfants " accepter " de ne pas apprendre, la voilà, la vraie démission.