Ecole : les vrais enjeux de la votation

A la presse genevoise, 4 septembre 2006
Jean-Marc Jaeggi, Genève

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Les notes ont déjà été rétablies à l’école primaire. Parler de « retour des notes » est une contre-vérité relayée non seulement par les partisans de l’initiative mais par la quasi-totalité des médias. Cette présentation des faits n’a qu’un but : faire croire que si le NON l’emporte, il n’y aura plus de notes ce qui est bien sûr totalement faux. Rappelons que leur réintroduction résulte d’un compromis négocié entre le DIP et les associations de parents et d’enseignants à l’occasion duquel les adversaires de l’initiative ont déjà fait d’énormes concessions.

De fait, les notes ne constituent que le moyen de camoufler les véritables enjeux de cette votation. quels sont-ils ? Il s’agit essentiellement de renforcer la sélection en supprimant les cycles d’apprentissage. Un élève qui rencontre des difficultés passagères sera irrémédiablement condamné à redoubler parce qu’il devra suivre exactement le même rythme que ses camarades. Cela équivaut à l’exclusion automatique des faibles malgré tous les efforts qu’ils font pour s’en sortir. Le redoublement induit par la suite une sélection précoce. Un élève redoublant intègre déjà le fait qu’il n’est pas capable et que pour lui, seule une filière courte est envisageable. C’est encore pire avec le contre-projet : Si le OUI l’emporte, on réintroduira les moyennes. Un élève en net progrès mais pour lequel il manque quelques dixièmes en fin d’année pour rattraper son retard devra donc redoubler. Tous ses efforts n’auront servi à rien. Bel exemple d’encouragement alors que la recherche a amplement démontré l’arbitraire des notes puisque les enseignants n’ont ni les mêmes barèmes ni la même sévérité lors des corrections.

Voter deux fois NON ne supprimera donc pas les notes. Cela permet simplement aux enseignants de suivre leurs élèves de manière plus souple afin que les aléas de l’existence et les difficultés passagères d’apprentissage ne soient pas sanctionnés automatiquement par la guillotine des chiffres.