Ecole : pourquoi prêcher la division ?

A la rédaction de Genève Home Information, 4 septembre 2006
Comité de Former sans exclure, Genève

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Ce que vous écrivez sur l'école est malheureusement infondé. Vous cherchez à dresser les uns contre les autres les parents et les enseignants, les gens du terrain et la recherche en éducation : les enquêtes internationales montrent justement que les systèmes qui réussissent ne se privent d'aucune de ces ressources et cherchent au contraire à créer des liens.

Notre association réunit des maîtres, des parents, des chercheurs et des citoyens. Elle s'appelle " Former sans exclure " parce que l'exclusion, à l'école, est le problème, pas la solution. Et parce que l'enseignement est notre bien commun : qu'il demande une alliance, pas la division.

Contrairement à ce que vous dites, nous invitons la population genevoise à refuser l'initiative pour le maintien des notes à l'école primaire et le contreprojet du Grand Conseil pour au moins trois raisons :

1. Ces projets entérinent l'échec au lieu de l'éviter : ils excluent une quantité importante d'élèves en les faisant redoubler plutôt qu'en intervenant rapidement, de manière différenciée et ciblée pour remédier à leurs difficultés.

2. Ils confondent la sélection et la formation : ils nivellent les résultats en utilisant les notes et les moyennes de façon mécanique au lieu de mettre l'évaluation et le dialogue familles-école au service des apprentissages et de la progression.

3. En bref, ils sont injustes et inefficaces : ils proposent un modèle d'école diamétralement opposé à ceux qui obtiennent les meilleurs résultats internationaux.

Les écoles justes et exigeantes luttent contre l'échec, pas contre les élèves en échec. Elles interviennent sans attendre, pas au bout d'une année. Elles évaluent pour former, pas pour éliminer.

Nous avons besoin d'une telle pédagogie : ambitieuse pour tous. Nous n'y arriverons qu'en combinant tradition et innovation (au lieu de les opposer), en soutenant parents et enseignants (pas en les déqualifiant), en fondant nos choix sur les faits (pas en les déformant pour effrayer la population).

C'est pourquoi il faut dire 2 x NON à des projets qui prennent les problèmes pour des solutions, qui envient les écoles progressistes et reviennent aux méthodes qu'elles ont justement abandonnées.

Nous vous remercions de rendre publics ces arguments si vous acceptez que le débat soit (légèrement) moins déséquilibré.